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« Façades immémoriales délicieusement délabrées, guirlandes de linge qui volent avec la brise, cris lointains de maîtresses de maison énervées qui résonnent sous la canicule. L'Alfama, étendard touristique lisboète, a le charme de l'authenticité », mais touristes et habitants ne voient pas la ville de la même manière. En effet les habitants désertent la ville qui, en 30 ans, a perdu 300 000 habitants et 10 000 immeubles (sur 55 000) sont alors en état de ruine carrément désaffectés.

Jusqu’en 1990 les baux étaient éternels et héréditaires ce qui a bloqué les loyers sur plusieurs générations. Il est alors difficile de faire partir les anciens locataires comme par exemple Eléna Barcelo, 64 ans, qui ne paye que 380 euro par mois pour 140m2 dans un quartier huppé. Et à ce prix les propriétaires n’ont pas vraiment envie de faire des travaux. Cela a aussi entrainé un vieillissement de la population : 24% des habitants ont plus de 65 ans.

Lisbonne 1Les loyers qui ont échappés aux baux éternels sont jusqu’à 4 fois plus chers que ceux des villes environnantes, les habitants préfèrent donc y migrer. En effet la ville emploi 650 000 personnes mais ne compte que 125 000 actifs dans ses habitants. Cela entraine chaque jour un afflux vers la ville, créant embouteillages et pollution et laissant Lisbonne vide le soir et le week-end, certains quartiers prenant des airs fantomatiques. La demande étant limitée, l'offre de boutiques, de bars et de taxis l'est aussi, ce qui fait fuir les habitants les plus jeunes, qui préfèrent s'installer dans des quartiers plus excentrés mais plus vivants. Pour remédier à ce phénomène d'exode rural,  la ville souhaite devenir « ville Erasmus » et compte sur les 3000 étudiants arrivant chaque années pour dynamiser le marché du logement locatif.

En ce qui concerne les ventes de biens, la différence entre l’offre et la demande et l’état de récession a entrainé une chute de 23% du prix de vente moyen. Le prix moyen de vente d'un appartement est de 129 000 € avec des biens qui mettent en moyenne plus de 4 ans à se vendre !

Malgré la décadence du vieux Lisbonne, la beauté de la ville avec ses sept collines et le Tage omniprésent, continuent d'exercer un puissant attrait sur les visiteurs étrangers.